« Abandonné à sa solitude, l’homme se sent assailli d’un sentiment de vide cosmique. C’est sa façon de remplir ce vide qui déterminera le type de sa culture et de sa civilisation, c’est-à-dire tous les caractères internes et externes de sa vocation historique. », Malek Benabi
Le Monde Musulman a toujours été dans un rapport de violence avec le monde judéo-chrétien occidental après le lourd passé de croisades, de colonisations, de la prise de la Palestine et de la division du monde arabe de Sykes-Picot.
Après la chute du communisme, l’Occident avait besoin d’un ennemi à la hauteur de ses ambitions. Le bouc émissaire idéal sera encore le Monde musulman : Un monde divisé par la misère, l’ignorance, la violence et la dictature.
L’Occident a trouvé depuis des siècles une proie affaiblit qui a fait sa puissance et sa prospérité avec ses ressources naturelles fabuleuses depuis la route de la soie au pétrole du Moyen-Orient.
Le Monde musulman reste dans un dilemme de choix entre le paradis perdu de l’Andalousie et de la Palestine, l’obscurantisme du wahhabisme et l’inspiration d’un Occident moderne qui fascine par sa science, sa culture et sa société ?
Benabi parle de la psychose du musulman tiraillé entre la sublimation par la puissance de son colonisateur et la perte de sa gloire passé. Le musulman est impuissant à case de son ignorance de la modernité, de sa pauvreté, de ses dissensions internes et enfin de l’Occident qui s’assure que ce monde reste ignorant et divisé pour pouvoir le garder dans la sujétion.
Benabi place le défi du musulman dans le contexte général du défi humain devant la modernité. Benabi affirme que l’islam est le salut de l’humanité en complétant l’objet occidental avec le sujet oriental:
«Si l’humanité a, cette fois-ci, quelques chances d’échapper à la destruction totale, l’état de la technique est tel qu’il ne laisse aucune possibilité rationnelle pour une guerre qui suivrait la prochaine. Donc, les rescapés du prochain déluge n’auront plus qu’un seul choix : la paix ou la disparition. Donc la paix ne sera plus un idéal ou une politique, mais une norme essentielle de la conservation de l’espèce. Or, l’Islam représente la seule philosophie morale et sociale compatible avec les impératifs du monde qui vient. Celui-ci peut être capitaliste ou communiste, politiquement, mais son salut dépendra d’un statut moral qui s’identifie à ses fins, de l’Islam qui s’identifie, désormais, à la finalité du monde », Malek Benabi
Benabi a voulu comprendre le monde. Il n’a pu le transformer, car il lui manquait cet esprit architecte du détail de Marx. Benabi parle de conscience humaine comme un élément central pour répondre au vide existentiel. Chaque personne a le droit de vivre librement sa conscience sans être opprimé. Benabi a toutefois réduit la conscience à la foi (musulmane) en oubliant la leçon de l’histoire : chaque religion a été une hécatombe qui a divisé l’humanité et servie le pouvoir. C’est avec la connaissance de la création complexe et non pas du créateur inconnu que la conscience se dévoile.