A. Benmohammed, Chaomain, Puissance : Civilisation, Capitalisme et Conscience
Égarement de l’Histoire : Labyrinthe et Caverne
Vouloir vivre autrement : Questions existentielles
« Plutôt que de savoir ce qui a été fait, combien il vaut mieux chercher ce qu’il faut faire. », Sénèque
Nous naviguons depuis des milliards d’années dans une navette, la terre qui vogue dans un univers infini sans savoir d’où nous sommes venus et où nous allons. Notre univers remonte à quatorze milliards d’années, notre Terre à 4,6 milliards d’années, l’homo sapiens à 40 mille ans, l’écriture sumérienne à 6 mille ans et les égyptiens à 5 mille ans.
Quel est notre essence, finalité et destiné ? Nous voulons savoir et nous saurons bien un jour. Devant notre égarement, nous avons un seul choix ; naviguer et espérer que dans le voyage, on saura.
Depuis la nuit des temps historiques, des individus ou des groupes d’individus ont décidé de quitter leur horde qui n’arrive plus à les nourrir afin de former d’autres groupes pour survivre dans d’autres territoires plus fertiles. Ce mouvement continue avec l’immigration ou des émigrants décident de partir de leur pays pauvres pour des pays plus riches. Diversité et la dispersion dans la terre ont été des facteurs fondamentaux de survie de l’espèce humaine.
D’autres qui n’arrivent pas à émigrer vont essayer de faire des réformes, des révoltes ou des révolutions pour changer le pouvoir et obtenir ainsi une meilleure vie au début pour la survie et maintenant pour des idées de liberté !
Ces mouvements de séditions ont tous échoué, car les individus ne savent plus leur finalité existentielle malgré toutes les philosophies. L’Occident n’arrive pas à donner du bonheur, de la sérénité et de la finalité à ses citoyens malgré l’abondance de la nourriture et de la jouissance. La modernité a vidé l’humain de sa substance dans le désir et la peur.
Vouloir vivre autrement, ailleurs et sous d’autre cieux n’est pas une fuite devant la réalité ou une incapacité à nous adapter à la société ou à la modernité. Refuser de vivre dans un État est le résultat d’une profonde conscience humaine qui refuse de devenir une machine-bestiale. Le sens est ailleurs !
La majorité des humains restent toutefois dans ces territoires devenus soit des fermes à vaches soit le meilleur des mondes, car ils obéissent à un seul instinct primaire ; la survie ! L’État leur assure cette survie au coût de leur aliénation.
La pensée existentielle cartésienne, je pense donc je suis, a réduit l’humain à l’Individu et la pensée au concept.
Les Questions existentielles qui nous interpellent :
– Est-il possible de trouver un État qui nous organise dans un consensus sans la contrainte qui produit l’entropie ?
– Comment concilier une volonté unique dans une volonté multiple sans produire des tensions ?
– Quelles sont les lois qui font que l’homme obéirait de lui-même sans besoin de rajouter un contrat ou une contrainte ?
– Est-ce que la ‘Nature’ peut constituer un paradigme durable du vivre-ensemble et quelle est la nature de cette ‘Nature’ ?
Ces questions existentielles sont toujours d’actualités, car les peuples sont toujours mécontents : au Nord par des manifestations et au Sud par des insurrections sans fins.
– on ne peut changer un État puissant par la réforme, la révolution et le pacifisme qui ont démontré leur impuissance à réaliser des mutations dans le pouvoir et la société.
– Pour survivre et acquérir plus de puissance, les humains se sont dispersés sur toute la terre. Il n’existe plus de territoire en dehors des États pour faire une nouvelle société !
– on n’a aucun modèle de société humaine, aucune finalité humaine, aucun horizon en vue …
Nous sommes devant un labyrinthe sans issue avec cette terre devenue invivable par ses conflits tragiques. Nous sommes aussi dans la caverne de Platon avec des idées utopiques. Comment sortir de notre labyrinthe caverneux ?
On doit “comprendre” qui s’est passé, pourquoi cela s’est passé, pourquoi cela se repasse toujours et ce qu’il faut faire pour sortir de notre labyrinthe.
Nous voulons comprendre comment des molécules se joignent pour fabriquer des cellules, des organismes, des écosystèmes, des cités et finalement des civilisations bestiales qui soumettent l’humanité dans un labyrinthe caverneux. Nous voulons comprendre d’où vient cette bestialité et comment la dépasser : sortir du labyrinthe caverneux !
Le labyrinthe d’Icare : le Ciel comme horizon
« Ce qu’un homme ne sait pas ou ce dont il n’a aucune idée se promène dans la nuit à travers le labyrinthe de l’esprit. » Goethe
Notre existence est celle d’Icare, fils de Dédale, qui est enfermé dans un labyrinthe sans issue. Dédale va imaginer et fabriquer des ailes avec des plumes d’oiseau et de la cire, pour s’évader dans les airs. Dédale est un inventeur ; architecte, forgeron, artiste, sculpteur.. Il donne une solution technologique au problème du labyrinthe. Seulement cette solution est à risque, on doit la suivre avec sagesse !
Dédale avait bien avisé Icare de ne pas s’élever trop haut, car la cire pouvait fondre avec la chaleur du soleil. Icare, impudent va voler plus en plus haut. Ses ailes se détachèrent et il tomba dans la mer icarienne. Le pouvoir technologique peut ainsi donner à l’homme une impression de puissance infinie qui ne peut que le faire disparaitre.
Le Mythe d’Icare nous indique que la Terre est un labyrinthe et que l’évasion se fait par l‘air, le ciel et le Cosmos grâce non plus à des ailes, mais une navette spatiale !
« Nous marchons sur la terre, nous voguons sur l’eau, nous y nageons même et nous la parcourons au dedans. Pourquoi la route des airs seroit-elle interdite à notre industrie ? », Rousseau, le nouveau Dédale
Comme Dédale, la modernité nous propulse dans une complexité sidérante d’information et de conflits dont il nous faut des ailes pour survoler avec une vision la plus globale qui puisse exister : la vision cosmique qu’il faut toutefois bien faire comprendre plus que connaitre. Une vision qui intègre la conscience à la connaissance, car sans conscience notre science cosmologique des ailes nous fera bruler par le soleil ! L’objet de notre cosmologie n’est pas la puissance, mais la grandeur !
Nous sommes tous les fils de Dédale. Le mythe d’Icare nous apprend deux choses :
– la puissance de la machine devant nos limites mentales
– la grandeur du soleil, du cosmos et des lois cosmique.
Le labyrinthe n’est pas un chemin vers la lumière de dieu et donc dieu, mais vers les airs et donc le cosmos ! On a deux voix ; le hasard qui nous fait perdre dans le labyrinthe parmi les murs de Planck et la conscience qui nous dirige tout droit avec son étoile : lumière, connaissance et grandeur !
Les labyrinthes sont dans toutes les cultures : égyptiens, romains, grecs, amérindiennes, Chine, Inde…
« L’Occident a créé une société semblable à la machine. Il oblige les hommes à vivre au sein de cette société et à s’adapter aux lois de la machine… Lorsque les hommes ressembleront aux machines jusqu’à s’identifier à elles, alors il n’y aura plus d’hommes sur la terre », Gabriel Marcel
L’invention de l’imprimerie par Gutenberg vers 1450 à Mayence a changé l’histoire humaine. L’âge de la religion fait place à l’âge de la science qui va aboutir à l’âge de la machine qui va bouleverser l’ordre naturelle des objets et des sujets.
« je ne reconnais aucune différence entre les machines que font les artisans et les divers corps que la nature seule compose… il est certain que toutes les règles des mécaniques appartiennent à la physique, en sorte que toutes les choses qui sont artificielles, sont avec cela naturelles.’, Descartes
Avec l’avancée de la technologie, l’intelligence plus que l’information est transférée à la machine. On peut télécharger des copies à l’infini instantanément, gratuitement et sans grande perte d’énergie. On s’achemine vers le téléchargement de l’esprit sans savoir ce qu’est l’esprit !
Les citoyens renoncent à leurs qualités humaines. Nous ne sommes plus sous l’hégémonie de l’État, mais du système qui a délégué sa volonté à la machine avec un Ordre : préparer les guerres avec des Machines Intelligentes contre d’autres Humains pour assurer l’hégémonie mondiale.
La puissance de la machine nous donne le syndrome d’Hubris : narcissisme, impulsivité, confiance démesurée en soi et volonté de rentrer dans l’Histoire en la bouleversant sans savoir ce qui nous attend après. Sans conscience de nos limites, la mort d’Icare nous attend !
La caverne de Platon : Entre l’obscurité et la lumière
« Ce mythe très illustre, extrait du livre VII de la République, exprime le dualisme fondamental de Platon. Les ombres portées sur la paroi de la caverne figurent notre expérience sensible. Les objets véritables à l’extérieur de la grotte, illuminés par le soleil symbolisent le monde des vérités éternelles, c’est-à-dire le monde gouverné par le soleil qu’est l’idée du bien. Le prisonnier délivré de la caverne et porté à la lumière du jour, figure la dialectique ascendante. Notez que s’il revient dans la caverne, ébloui du soleil, il paraît aveuglé à ses anciens camarades. » André Vergez et Denis Huisman, Histoire des philosophes illustrée par les textes.
Le mythe de la caverne est toujours présent. Nous sommes tous rivés sur nos écrans, nos Smartphones et nos réseaux sociaux en les prenant pour de la réalité. Nous sommes aussi enfermés de l’intérieurs dans nos idées ; croyances, opinions, préjugés, raisons, sciences… Nous sommes sous les chaines de l’apparence de la Modernité !
Les premiers labyrinthes étaient dans les cavernes. Les hommes des cavernes ont aussi voulu sortir de leur obscurité Le soleil les a aveuglés comme il a brulé les ailes d’Icare.
Platon décrit aussi une âme avec de petites ailes qui peut atteindre le monde des Idées.
« Elle (l’âme) ressemble, dirai-je, à une force à laquelle concourent par nature un attelage et son cocher, l’un et l’autre soutenus par des ailes… La nature a doué l’aile du pouvoir d’élever ce qui est pesant vers les hauteurs où habite la race des dieux, et l’on peut dire que, de toutes les choses corporelles, c’est elle qui participe le plus à ce qui est divin. Or ce qui est divin, c’est ce qui est beau, sage, bon et tout ce qui ressemble à ces qualités ; et c’est ce qui nourrit et fortifie le mieux les ailes de l’âme, tandis que les défauts contraires comme la laideur et la méchanceté, les ruinent et les détruisent. Or, le guide suprême, lui, s’avance le premier dans le ciel, conduisant son char ailé… Mais lorsque, impuissante à suivre les dieux, l’âme n’a pas vu les essences, et que, par malheur, gorgée d’oubli et de vice, elle s’alourdit, puis perd ses ailes et tombe vers la terre», Platon Phèdre
Réné Genon parle d’une étroite relation entre la caverne et du labyrinthe comme étant des lieux initiatiques.
« Tout changement d’état doit être considéré comme s’accomplissant dans les ténèbres… le candidat à l’initiation doit passer par l’obscurité complète avant d’accéder à la ‘vraie lumière’… En effet, il est bien évident que, si la caverne est le lieu où s’accomplit l’initiation même, le labyrinthe, lieu des épreuves préalables, ne peut être rien de plus que le chemin qui y conduit, en même temps que l’obstacle qui en interdit l’approche aux profanes ’non qualifiés’, », René Guénon – Symboles fondamentaux de la Science sacrée – Symbolisme de la forme Cosmique – Chapitre XXIX – La Caverne et le Labyrinthe
La caverne est le lieu de la naissance et de la mort ou se produit juste un changement de phase. C’est un lieu de passage entre les ténèbres et la lumière. Pour Castoriadis, la pensée est plus dans le labyrinthe que dans la caverne :
« Penser n’est pas sortir de la caverne, ni remplacer l’incertitude des ombres par les contours tranchés des choses mêmes, la lueur vacillante d’une flamme par la lumière du vrai Soleil. C’est entrer dans le Labyrinthe, plus exactement faire être et apparaître un Labyrinthe alors que l’on aurait pu rester « étendu parmi les fleurs, faisant face au ciel » [2]. C’est se perdre dans des galeries qui n’existent que parce que nous les creusons inlassablement, tourner en rond au fond d’un cul-de-sac dont l’accès s’est refermé derrière nos pas – jusqu’à ce que cette rotation ouvre, inexplicablement, des fissures praticables dans la paroi. », Cornelius Castoriadis, Les carrefours du labyrinthe, 1978 Préface
Devant notre égarement (labyrinthe d’Icare) et notre ignorance (caverne de Platon) de notre finalité, nous exposons deux modèles de libération : le modèle technologique (blockchain) et le modèle chaomanique (conscience comique) que nous développeront ensuite dans le passage entre la petite histoire (Nation) et la Grande Histoire (Cosmos).
A. Benmohammed, Chaomain, Puissance : Civilisation, Capitalisme et Conscience
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