A. Benmohammed, Chaomain-19 Pouvoir, Connaissance et Conscience

Violence : Idéologie Matérialiste et Idéalisme Moraliste

Il y’a deux approches réactives existentielles extrêmes :

– la pensée subjective (Idéalisme Religieux) ; mysticisme imaginaire suivi par un Orient dont la pensée cherche à comprendre seulement « pourquoi » le réel agit.

– l’action objective (Idéologie Matérialiste) ; positivisme pragmatique suivie par un Occident dont la pensée cherche à comprendre seulement « comment » le réel agit.

Ces deux concepts sont illustrés grâce aux deux classiques de la littérature universelle :

 Religion : Ibn Tufayl[i], Hayy Iban Yaqdhân (Le vivant fils du vigilant)

« Ne supposez pas que la philosophie qui nous est parvenue dans les livres d’Aristote et/ou dans la Guérison d’Avicenne vous satisfera… ou que n’importe quel Andalou a écrit quelque chose d’adéquat à ce sujet. Nos contemporains sont encore à un stade de développement, », Ibn Tufayl, Hayy ibn Yaqzan

Hayy grandit dans une île déserte et apprend à connaître son univers par lui-même. Il essaye de savoir pourquoi sa gazelle s’affaiblit et surtout meure. Il ne trouve pas le Mal, mais il imagina l’immortalité de « l’âme » et l’idée d’un « Créateur». Son univers est celui des idées raisonnables. C’est un Idéaliste qui n’a jamais connut ni confronté la réalité des autres ! Hayy va croiser un religieux qui va l’informer sur la révélation et les rituels qu’il admet. Hayy veut au contraire revenir parmi les humains pour les convertir à la sagesse mais sans grand succès. La raison a ses limites. Contrairement à Descartes, Hayy n’utilise aucune idée innée sur la vérité ou la morale. Il construit ses concepts sur l’observation et la raison.

Ce livre d’Ibn Tufayl, philosophe arabe du 12ème siècle (mort en 1185), fût traduit en 1349 sous le titre de « Philosophus autodidactus ». Il inspira plusieurs auteurs : Thomas More (L’Utopie), Baltasar Gracián (El Criticon) … et surtoutDaniel de Foe (Robinson Crusoé). 

Matérialisme : Daniel de Foe ; Robinson Crusoé 

« Comme notre Créateur peut-il traiter ses créatures avec miséricorde, même dans les conditions où elles semblaient être submergées par la destruction ! Comment peut-il adoucir les providences les plus amères et nous donner des raisons de le louer pour les donjons et les prisons ! Quelle table était ici répandue pour moi dans un désert où je ne voyais rien d’autre au début que de périr par faim! », Daniel de Foe ; Robinson Crusoé 

En 1651, Robinson Crusoé quitte l’Angleterre pour courir les mers. Vendu comme esclave par des pirates, délivré par des Portugais, il a vingt-huit ans lorsqu’il fait naufrage sur une île. Seul survivant, il parvient à subsister par ses propres moyens pendant 28ans.. Robinson surmonte l’angoisse de la solitude de son île non pas par la méditation mais par le travail. Son univers est celui des “choses matérielles“.

Robinson s’intéresse à meubler son temps pour survivre ; manger,  dormir et travailler. Il chasse et cultive le blé. Il apprend à fabriquer de la poterie et élève des chèvres.

Roinson voit des étranges cannibales tuer et manger leur prisonniers. Il songeait en premier temps les exterminer et ensuite il pensait à en garder quelques uns pour les civiliser et le servir. Il parvient à trouver un qu’il nomma :’Vendredi. Il lui apprit l’anglais et le convertit au christianisme

Nous avons ici le parfait exemple de l’occidental qui voit les autres comme des barbares qu’il faudrait civiliser et christianiser, mais dans le seul but de les asservir.

L’Idéalisme de Hayy et le Matérialisme de Robinson sont ennemis depuis que Descartes a séparé l’âme de son corps. Le moralisme catéchisé méprise le corps adulé qu’il juge pervertis et le matérialiste laïcisé refuse le transcendant dogmatisé qu’il juge obscurantiste. L’idéaliste infini se suicide pour retrouver son paradis céleste et le matérialisme vide tue pour avoir sa puissance terrestre. Les deux se sont politisés en groupes guerriers dans une violence réactive ; la Shoah, le Goulag et Hiroshima sont des rappels aux amnésiques qui oublient que la modernité porte les germes de sa propre ruine.

A. Benmohammed, Chaomain-19 Pouvoir, Connaissance et Conscience


[i]         Ibn Tufayl, Hayy ibn Yaqdhân, traduction Léon Gauthier, Alger 1900, Réédition sous le titre Le philosophe sans maître, Sned, Alger, 1970

Commentaires Facebook