Un artiste a composé en une seule nuit un chef-d’œuvre. Et pourtant cette toile a mis plus de mille années pour se faire accoucher en une nuit divine. Elle recherchait le ventre prodigue qui lui donnerait naissance. Un ventre aussi pure que celui de Mari. Combien de grammes de morphine l’auteur a dut prendre pour trouver cette forme, cette teinte, cette flamme, et cette note de musique pour faire enfin sortir le cobra de son gouffre ?. L’auteur est malade, ses organes le torturent, son corps et son esprit s’accouplent enfin pour faire révéler cette harmonie si monstrueuse.
L’auteur est comme Adam, il veut manger de cet arbre qui lui donne la divinité !. L’auteur est comme Jésus, il doit se crucifier pour acheter l’amour des humains et le pardon des Dieux. L’auteur ne retrouve enfin de compte que la malédiction. Une malédiction pourtant bénite par les Dieux car c’est la seule embarcation qui sauvera nos âmes du déluge.
J’ai besoin d’une figure, d’un maître, et d’un créateur pour illuminer ma quête. Je recherche de nouveau un gouvernail, un courant, un sens, un souffle, un art, et un empire. Je ne recherche pas un gourou car je ne suis pas un vulnérable qui a besoin d’être pris en main. Je ne recherche pas de père car je ne suis pas un névrotique infantile qui a besoin de projection. Mon maître n’est qu’un serviteur de la pensée immortelle. Je veux seulement apprendre à voler dans les airs du Mystère avec mes propres ailes. J’ai soif d’un sens qui puisse me saisir, m’enrichir, me satisfaire, et me couronner. Je veux un sens pour dissoudre cet ego qui se renforce en moi. Je suis prêt à me débarrasser de tout ce qui n’a pas de sens. Un sens est un délire qui dépasse la raison.
Je commençais alors à méditer sur un nouveau sens qui soit une non-religion, un sens qui puisse m’explorer dans l’expérimentation, et un sens que je ne dois pas renier devant l’impasse de mon labyrinthe. Je rentre dans mon délire mystique pour rejoindre mes fantômes. Pour expulser le mensonge, l’ennui, et la peur qui m’habite, je dois traverser les tremblements de terres, les ouragans, et les volcans de ma caverne. Je ne recherche pas la Cité Utopique, je recherche la Pensée Utopique. Pour la retrouver, je dois traverser cet espace immense fait de vide et qui se cache derrière mon miroir. Derrière mon miroir, il ne peut y avoir que le silence, la paix, et la joie de l’éternité !. Je le sais parce que je l’ai pensé. J’ai peur de voir mon miroir se briser en mille morceaux sur ma chaire déchirée !.
Les humains ne saisissent pas ma révolte inculte. Je ne crois plus qu’à ma protestation, ma récession, et ma contradiction. Je reste abandonné à mon impuissance chronique, désespéré de ma condition, et humilié par le fouet de mon seigneur. Je me révolte en me taisant devant tant d’amour sans objet, d’humanitaire sans humanisme, et d’universalité sans solidarité.