A. Benmohammed, Chaomain, Puissance : Civilisation, Capitalisme et Conscience
Mythes et Religions : une fable magique
« Plutôt que de savoir ce qui a été fait, combien il vaut mieux chercher ce qu’il faut faire. », Sénèque
L’humanité a toujours été obsédée par des questions existentielles : Qui sommes-nous ? Pourquoi sommes ? Quelle est notre finalité dans l’univers ? La liaison entre l’humanité est le cosmos est ainsi scellée. Il restait à voir le lien.
La Grande histoire de l’univers recherchait le lien entre l’humanité et le cosmos en racontant une grande histoire avec les mythes, les religions, les philosophies et les sciences depuis Platon, Archimède, Darwin, Galilée, Newton, Planck. Schrödinger, Heisenberg, Einstein, Hawking…
Dans sa phase primitive, la connaissance a fait une distorsion entre le sentiment interne et le lien cosmique par des croyances dans des mythes et des religions magiques. L’inconnu n’a rien de super naturel.
Les mythes de création du cosmos traversent tous les continents ; africain, égyptiens, sumériens, babylonien, assyrien, zoroastrien, biblique, islamique, hindous, chinois, japonais, indiens, … Ce sont les mythes de création fabuleux qui vont fonder tous nos autre mythes sur la mort, la vie, les valeurs et les cultures qui deviennent des vérités éternelles.
Les mythes primitifs vont se transformer dans des mythes religieux confectionnés par des églises pour des crédules pour assoir leurs volontés sur leurs âmes obscures pour en faire des monstres prêt à diaboliser au nom du divin, à haïr au nom de l’amour et à tuer au nom de la vie.
La vérité religieuse calme notre angoisse de l’inconnu, du futur et de la mort.
« la vérité d’une idée est déterminée par la satisfaction qu’elle procure », W. James, L’idée de vérité
« On avale à pleine gorgée le mensonge qui nous flatte, et l’on boit goutte à goutte une vérité qui nous est amère ». Diderot
Une pensée ne doit pas être acceptée parce qu’elle a un dénouement espéré, flatteurs et heureux ou rejetée parce qu’elle a une « fin » triste, désespérée ou catastrophique. On méprise le Destin de Darwin car il nous fait venir de l’Animal comme celui de Turing qui nous fait assimiler à une Machine.
La promesse messianique est une légende dont l’espoir est la source du désespoir. La conscience cosmique vient perturber l’histoire messianique. Elle refuse de jouer la pièce tragique. Elle ne croit pas assez à son rôle. Elle veut vivre sa propre vie. Elle sait qu’aucun acteur ne peut jouer la mort qui est la seule réalité à apprivoiser.
La conscience cosmique n’a ni Dieu et ni Diable à prier ou proscrire. Elle témoigne du malheur de Savoir.
« C’est un malheur d’être trompé ! Bien plus grand malheur de ne pas l’être ».
La conscience cosmique n’est pas une nouvelle et dernière idée, utopie, vérité, vertu, croyance ou promesse messianique désespérante de plus mais une nouvelle confiance en soi, en l’autre et en l’avenir ! C’est un espoir inespéré de retrouver notre finalité.
« Sans l’espérance, on ne trouvera pas l’inespéré, qui est introuvable et inaccessible ». Héraclite
L’espoir désespéré, le désir insatiable et le mystère obscurantiste sont des vermines incapables de créer quoi que ce soit ! Ils ne subsistent que par le sang qu’ils piquent.
L’espoir de Devenir est possible si on rejette la prière du vaincu pour un Projet Potentiel de Devenir. Nous sommes condamnés à devenir le Dieu que nous espérons au plus profond de nous. Ce Dieu n’est autre que le lien qui va unir les humains dans la solidarité en dehors des idées tragiques grâce à la parole, au partage et au pardon.
Avec le temps, on tue nos dieux et on crée de nouveaux dieux plus puissants pour bénéficier de leurs grandeurs. C’est ainsi que nos fables et nos religions sont mortes pour laisser place au nouveau dieu tout puissant de la science qui nous raconte aussi une autre fable sur la création.
Philosophies et cognitions : Expériences Corps-Esprit
« On peut soutenir qu’un univers régi par des lois qui ne laissent aucune place à la conscience n’est pas un univers du tout. », Penrose
Le plus grand problème philosophique-cognitif qui reste est celui de la relation entre le corps et l’esprit, le sujet et l’objet ou la conscience interne de la réalité externe. Cette relation est pervertie par les religions, les mysticismes et les idéalismes platoniques de la vérité, la vertu ou la beauté.
Les sciences philosophiques et cognitives s’intéressent à comprendre l’humain, la cognition, la réalité, la nature et le cosmos afin de répondre aux mêmes questions existentielles que les mythes-religions ont perverti avec des fables magique.
L’objet de notre cognition était juste de concevoir des isomorphismes crédibles entre les idées abstraites internes (sujet) et les structures matérielles externes (objet). On a cherché cet isomorphisme corps-esprit durant des millénaires sans le trouver. Les expériences de pensée test des hypothèses que les expériences classiques ne permettent pas de tester. Elles font une formulation théorique et un test de l’hypothèse avec juste le bon sens, la raison et l’intuition.
On a eut les expériences de la pensée par les philosophes, les sciences cognitives et les sciences physiques :
– En philosophie ; les paradoxes de Zénon, le paradoxe de Newcomb, l’’allégorie de la caverne et l’anneau de Gygès (Platon), le bateau de Thésée (Plutarque), le malin génie (Descartes), La position originelle et le voile d’ignorance (John Rawls), le robot immortel (Ayn Rand). Ce que Marie ne savait pas (Frank Jackson)…
– Physique : Les pierres de Pise (Galilée), le canon de Newton, le démon ou génie de Laplace
– relativité : le paradoxe des jumeaux (Langevin), le paradoxe du train, l’ascenseur d’Einstein …
– mécanique quantique : le chat de Schrödinger (Schrödinger), le paradoxe EPR (Einstein, Podolsky et Rosen,)
Voici quelques exemples d’expérience de l’esprit pour résoudre le problème connu du corps-esprit.
– Descartes prêche la dualité entre le corps et l’esprit. Pour Spinoza, Dieu n’est rien d’autre qu’un Être infini, composé d’une infinité d’attributs, mais d’une Substance unique.
– Thomas Nagel[i] se demande ce qu’est d’être une chauve souris. Le seul moyen d’y accéder serait d’être soi-même une chauve-souris. Il réalisa la limite de notre connaissance objective à sentir. En réalité, on ne peut aussi sentir ce que sent tout autre ‘entité’ : la roche, la grenouille, la terre, l’univers et même l’autre humain. L’expérience objective est liée à la subjectivité. On ne sait si cette subjective est commune. Chaque humain est un univers en soi, mais l’univers cosmique doit être commun non pas dans sa perception, mais sa nature.
– L’expérience de la chambre chinoise de Searle[ii] veut savoir si un programme informatique, si complexe soit-il, serait suffisant pour donner une conscience à un système. Comme dans l’expérience de Naguel, une machine ne peut savoir ce qu’est un humain. Searle fera l’analogie avec la machine de Turin. Si une personne ne connait pas le chinois, mais juste les mots chinois et les règles de syntaxe, elle peut répondre au chinois sans saisir le sens. Une machine qui exécute un programme ne peut pas avoir une conscience humaine.
– Damasio est contre les visions de Descartes et de Spinoza.
« L’esprit respire par le biais du corps, et la souffrance, qu’elle ait sa source au niveau de la peau ou d’une image mentale, prend effet dans la chair. », Antonio Damasio
Des capteurs dans notre cerveau enregistrent les signaux du corps : plaisirs, douleurs ou peurs, mais ce ne sont que des signaux électriques et non pas des sensations humaines. On peut altérer la sensation par la chimie. Connaitre ces signaux ne nous aide pas à savoir où est le chef d’orchestre ; La conscience qui est différente du corps et de l’esprit !
On sait que comment les états mentaux et physiques interagissent entre eux et qu’il n’ya pas de dualité corps-esprit, mais on ne sait pas comme la conscience agit sur eux. La conscience est une entité en dehors du corps et de l’esprit !
MQ RG ; Schisme et Incomplétude
“The Universe is not only stranger than we think, it is stranger than we can think.”, Werner Heisenberg
Des scientifiques sont aussi partis à la recherche de l’origine de l’humanité à partir de l’origine de la vie, de la terre et du cosmos ainsi que de son évolution jusqu’aux temps modernes. La science nous raconte ainsi une Histoire concurrente et surtout plus crédible que celle des mythes primitifs, des croyances religieuses et philosophies cognitives.
On assiste à une grande odyssée de sciences ;
– sciences de l’homme : neurobiologie, génétique, archéologie, linguistique, psychologie, anthropologie sociale…
– sciences de la terre, de la vie sur la terre.
– particules élémentaires : Théorie (Mécanique Quantique MQ) et expériences dans les accélérateurs avec le CERN
– cosmologie ; théorique (Relativité Générale RG) et expériences avec Spoutnik, Apollo, le télescope Hubble…
Darwin a été l’un des précurseurs de cette recherche sur l’évolution de la vie sur terre en unifiant l’histoire de l’humanité à celle des autres espèces animales.
La Grande Histoire donne une description de l’évolution depuis le Big-Bang sans explication. La seule raison de l’histoire est que le cosmos évolue d’une homogénéité primitive vers une hétérogénéité complexe[iii].
“Human beings, it appears, do indeed belong in the universe and share its unstable, evolving character. … What happens among human beings and what happens among the stars looks to be part of a grand, evolving story featuring spontaneous emergence of complexity that generates new sorts of behavior at every level of organization from the minutest quarks and leptons to the galaxies, from long carbon chains to living organisms and the biosphere, and from the biosphere to the symbolic universes of meaning within which human beings live and labor, singly and in concert, trying always to get more of what we want and need from the world around us.”, Maynard Smith and Szathmary[iv]
La science a permis de donner des histoires de notre réalité externes ; histoire de la vie, de la Terre, du système solaire ou du cosmos. La Grande Histoire est la première tentative de donner un récit historique globale du cosmos du Big-bang à nos jour dans son intégralité, car tout est relié à tout et le plus grand tout est le cosmos !
Nous vivons dans une bulle qui nous réfléchit l’univers par le spectre de sa lumière. Cette bulle nous empêche de voir la réalité du Réel. La science insiste à dévoiler et maitriser l’énergie du réel. Toutefois, elle se retrouve dans un nuage mathématique abstrait formé de corpuscules ondulatoires, de champs de forces et finalement d’information immatérielle. Il nous reste à décoder cette information pour comprendre notre programme et sa finalité.
La physique ne donne pas des causes, des raisons, des sens ou des finalités. Elle ne fait que décrire des observations et lisser les données dans une théorie physique : la MQ et la RG ont été choisies, car elles reflétaient bien les données observées (gravité, entropie, évolution, spins, intrication quantique…) et les constantes. Ces deux théories restent encore incomplètes et divergentes. Il leur manque le champ de conscience cosmique pour les compléter et les converger.
Lee Smolin[v] souligne cinq problèmes de physique:
1- la gravité quantique : combiner la relativité générale et la théorie quantique en une seule théorie.
2- la mécanique quantique : Résoudre les problèmes de sens ans les fondements de la mécanique quantique,
3- L’unification des particules et des forces : Déterminer si oui ou non les diverses particules et forces peuvent être unifiées dans une théorie qui les explique toutes comme des manifestations d’une seule entité fondamentale.
4- le modèle standard : Expliquez comment les valeurs des constantes libres sont choisies dans la nature.
5- La cosmologie : Expliquer la matière noire et l’énergie noire, déterminer comment et pourquoi la gravité est modifiée à grande échelle, expliquez pourquoi les constantes du modèle standard de cosmologie ont les valeurs qu’elles ont. La relativité avec le champ de gravité est inacceptable à cause de son caractère continue et non pas quantique.
A. Benmohammed, Chaomain, Puissance : Civilisation, Capitalisme et Conscience
photo ; Patrick Curran
[i] Thomas Nagel, What Is It Like to Be a Bat? , The Philosophical Review, Vol. 83, No. 4, Oct., 1974.
[ii] John Searle, Minds, Brains and Science: The 1984 Reith Lectures, Harvard University Press, 1986.
[iii] – Hubert Reeves, Joel de Rosnay, Yves Coppens, and Dominique Simonnet, Origins: Cosmos, Earth and Mankind, New York: Arcade Publishing, 1998
– Roger Lewin, Complexity: Life on the Edge of Chaos, London, Phoenix, 1993
[iv] John Maynard Smith and Edrs Szathmary, The Origins of Life: From the Birth of Life to the Origins of Language, Oxford: Oxford University Press, 1999.
[v] Lee Smolin, The Trouble with Physics: The Rise of String Theory, the Fall of a Science, and What Comes Next, Mariner Books, 2007