*Autant de langues que l’homme sait parler, autant de fois est-il homme (1 )”
A. Benmohammed. le Chaomain, 1. Diables et Divins,
Le Divin, l’humain, l’ouvert, le fermé, l’illimité, la limite; la terre, le ciel…
Connaissez-vous le promeneur absolu, l’arpenteur des grandes cultures, présentes et passées où se parlent divers idiomes (2) ?. C’est l’auteur du présent ouvrage. Il y a des livres que lorsqu’on y revient, ils sont plus riches qu’avant. Il y a comme ça des livres qu’on guette, qu’on attend, qui laissent des traces, des bruits de fond comparables à ceux qui chuchotent les mysteriium tremendum, un suprême mystère des sciences de l’homme pour paraphraser Levy Strauss (3)
Des livres d’orfèvreries,’ à rendre Umberto Eco, ou même le grand Borges jaloux, tant ils nous entraînent dans les rayons de bibliothèques particulières où nul ne pénètre, pour en découvrir les ouvrages les plus secrets (4) ‘. ‘ Au bord de la falaise’, c’est à l’aide de cette image que Michel de Certeau formulait le constat de crise et incertitudes à propos de l’histoire (3)’
‘CHAOMAIN’ c’est à l’aide de cette image de magma volcanique de connaissances que M. A. Benmohammed formule le constat de crise de l’intelligibilité, la perte de sens du sens, le désenchantement du monde wébérien et surtout la pensée qui boite Merleau pontienne.
On n’honore pas un penseur en louant son travail, mais en le discutant. M. A. Benmohammed, est un pèlerin entre les disciplines, fils de Cirta, son idiosyncrasique démarche est singulière, excessivement compliquée et fascinante. Plusieurs disciplines s’interpénètrent et se fécondent. Il ne fait pas que s’orienter dans la pensée, mais surtout inventer une nouvelle discipline fédératrice Sui Generis. Il se veut un bâtisseur de PONT à l’instar de Sidi Rached
Notre platonicien veut surtout rebaptiser un pont d’un autre genre-néolithique, un ‘corpus callosum’. Corps calleux de la nouvelle RELIANCE’ ‘cerveau gauche- cerveau droit’. L’unité de ‘L’utile – l’agréable’, ‘la vérité- le sens et la beauté’.
J’ai goûté avec plaisir les quelques pages superbes, et les formules d’anthologies ou notre auteur est le polyeucte qui détruit les idoles de la connerie contemporaine. Il a jeté les fondements de ce que Yeats appelait ” les monuments de l’intellect qui ne vieillit pas (5). Un corpus si complexe, incrusté d’une diversité des genres, qu’on mesure en prenant connaissance de la singularité de l’itinéraire académique et intellectuel du fils de Cirta.
Sa curiosité le pousse vers un savoir encyclopédique, sans limites. On lui reconnait avant tout dans son œuvre celle d’un critique- philosophe du sens, ou plutôt le sens du sens avec un syncrétisme de connaissances scientifiques, culture, intelligence et de sensibilité.
Un esprit fin et surtout PROVOCATEUR qui se distingue par sa grandeur platonicienne. DECONSTRUCTION DE TOUTE L’ancienne WELTANSCHAUUNG. Force est de reconnaître que le fils de Cirta est- habité par une Djeniya ? Cela me fait penser aux Grecs qui ont toujours cru aux révélations faites par les Dieux à certains hommes inspirés, qu’il s’agit de poètes, de philosophes comme Pythagore. Qu’en est-il de Chaomain?
Nous sommes dans un monde magnifique éclairé par les rayons d’un savoir transdisciplinaire, transporté, pour quelques instants en dehors du réel. Sa thèse principale est : l’unité du ‘ beau ET l’utile’ , une nouvelle trame de la pensée: ou forme de la presentification du passé, de l’avenir par l’actualisation des faits réels ou imaginés ou ce qu’on appelle hypotypose, mêlée à d’une littérature des profondeurs , Dostoïevski, Proust, Kafka ne sont pas loin (6).
On a affaire à une œuvre prolixe, rhizomateuse pour paraphraser G. Deleuze, profuse, proliférante, labyrinthique et un véritable espace de deconstruction-Re construction. S’agit-il d’un mariage forcé de ‘la Folle du Logis pascalienne’ et de l’imagination créatrice, de l’ancienne sagesse des chamans, o combien chère à Husserl, Bergson, H.Corbin et son disciple G. Durand.
M. A. Benmohammed ne pratique pas l’estrangement’ dont parle Montaigne. Son projet est conceptuellement prométhéen avec l’idée surement de réaliser, la synthèse’ entre logique philosophique et la logique mathématique’, il établit une distinction entre connaissance de fait et connaissance de valeur en récusant l’absolutisation d’une coupure qui aboutit à une aporie
Un dépassement du criticisme kantien et du panlogicisme hégélien rendant possible un projet unificateur qui permettrait d’échapper au morcellement des connaissances, un chantier de recherche peu exploité dans le milieu académique à cette époque. Il défend de créer des formes nouvelles artistiques politique et scientifique qui ne sont pas préfigurées dans l’ordre existant.
Félicitation pour nos bibliothèques, un nouveau-né, doté d’un nouveau langage nouvelle démarche, habitée par un nouvel esprit de la TRANSDISCIPLINARITÉ.
Je vous invite à découvrir la pensée de M A. Benmohammed, dans toute sa grandeur et sa créativité In finé pour paraphraser M. E.Morin, ‘
Luttons pour que la pertinence des grandes œuvres atteigne encore ceux pour lesquelles ils peuvent être indispensables (9). Une œuvre pleine de promesses et de tapis roulant pour demain !
Slh Nazim Khaled
(1) observait Brantome à propos de Charles Quint.
(2) levy Strauss ‘ Pensée sauvage’
(3) M. de Certeau ‘ Microtechnique et discours panoptique: un quiproquo
(4) in L’ombre du Tamaris de Pauline Bébé
(5))de Wassily Kandinsky
(6) Ibid, (7)
In Pythagore un dieu parmi les hommes….
(8) Ibid(9) E. Morin in la Méthode de la Méthode…